La Patte d'El Cordobés

Retrouvez ici la folle histoire du plus grand trophée jamais décerné.

bullfighting lesson

Si vous pensiez que le plus grand trophée qu'un torero peut obtenir lors d’une corrida est la queue, vous vous trompez. Laissez-moi vous raconter une petite histoire, celle de Manuel Benítez Pérez, dit « El Cordobés ». Un petit bond dans le temps. Je vous embarque dans cet après-midi du 17 mai 1964.

S'il y a bien un matador qui a divisé les aficionados, c’est lui. Il déclara lui-même un jour : « Je ne torée pas, je fais des trucs avec le taureau ». Il innovait, inventait, essayait, et parfois de manière spectaculaire. Il a apporté à la tauromachie cette touche de folie, de fantaisie (peut-être même insouciante).

Aucun spectateur ne pouvait se douter que ce 17 mai 1964 resterait gravé dans l’Histoire de la Tauromachie. Au cartel de cette corrida, le Vénézuélien César Girón, Paco Camino et El Cordobés. Le soleil brille sur les pierres mal taillées des amphis. Le public s’installe et la corrida peut commencer.

La corrida en elle-même est anecdotique, le dernier toro, quant à lui, se révèlera historique ! Indescriptible paraît le terme le plus approprié pour qualifier le quart d’heure qui suivit sa sortie en piste.

Face à ce toro, le déroulé de la faena échappa à tous les canons de la tauromachie. El Cordobés ne fit pas un récital mais plutôt un spectacle… Des passes de muleta exécutées dans des terrains improbables, avec une immobilité presque émouvante, des enchaînements jusqu’alors jamais vus, jamais inventés, des séquences, de face, de dos, nées d’une imagination et d’une intuition d’un talent rare, qui firent peu à peu monter l’enthousiasme dans les gradins nîmois.

Après quinze minutes hypnotiques, le maestro, dans une tentative de manoletina, fut alors levé et jeté au sol. Se relevant avec une rage folle. Malgré les efforts de ses compagnons de cartel pour l’en empêcher, El Cordobés reprit la muleta pour toréer encore et encore.

À deux, ils écrivirent une histoire inédite, ils prirent un chemin que personne n’avait pris auparavant, et créèrent une œuvre d’une émotion rare.

À la fin de sa faena, le public était pris d’une folie, en délire devant ce qu’il venait de voir. Comme un but sauveur à la 90e en finale de Coupe du Monde, INDESCRIPTIBLE… le président, certainement submergé par cette vague émotionnelle, accorda les 2 oreilles, la queue et LA PATTE !

(Ce trophée n’a quasiment jamais été accordé dans l'Histoire de la tauromachie. Il relève plus de l’euphorie inédite d’un moment suspendu dans le temps que d’un réel trophée.)

La piste alors fut envahie par les aficionados et les peñas. Une foule debout sur les gradins, secouée, dans un climat bouillonnant d’irrationalité, consciente de l’immensité du moment.

La Légende venait d’être écrite…

Pepe

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